Banque Maroc

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mardi 27 décembre 2016

Blockchain, tendance lourde ou feu de paille?


Blockchain parait être selon quelques experts comme étant une innovation équivalente à celle de la création d’internet. Blockchain est une sorte de « grand registre virtuel » indestructible et infalsifiable, dans lequel sont stockées (sur des milliers d'ordinateurs) de manière entièrement décentralisée, toutes les transactions chaque fois qu'une personne ou qu'une organisation effectue une opération. Chaque acte constitue un « block », lui-même composé d'autres blocs provenant d'opérations passées. Dès lors, une falsification isolée n'a pas d'incidence, la « vérité » étant établie par le consensus de la majorité.

Le côté réellement « disruptif » de la blochain est qu’il permet à des individus qui ne se connaissent pas de faire des transactions sécurisées et d'échanger des informations sans le moindre intermédiaire.

En théorie, fini le tiers de confiance pour ce type de transactions : notaires, agents immobiliers, établissements financiers. Même les plateformes centralisées de type Uber ou AirB&B peuvent être uberisées (uberisation ultime) bouleversant des pans entiers de l'économie !

En d’autres termes, grâce à des « smart contracts » (contrats intelligents) qui s’exécutent d’eux-mêmes, il est possible d'acheter ou de louer une maison, de transférer des fonds, de contracter ou de certifier la propriété d'un bien ou d'un capital, de manière automatique, de façon décentralisée et sans aucune intervention humaine.

Les utilisations possibles sont nombreuses et dans tous les domaines :
- des universités ont déjà recours à la blockchain pour certifier les diplômes de leurs étudiants et bloquer la triche et la contrefaçon des diplômes ;
- dans le domaine culturel, avec la blockchain ou un système équivalent, les artistes se passeront d'intermédiaires et pourront gérer eux-mêmes leurs royalties ;
- dans les pays qui ne disposent pas d'une organisation administrative fiable (cadastre), la blockchain peut être la solution pour recenser et certifier la propriété immobilière.

Dans le secteur des assurances, les « smart contracts » promettent des changements majeurs. Ils permettent aux assurés comme aux assureurs de se libérer des phases déclaratives (formulaires,  vérification, déclenchement de l’indemnisation). La blockchain, faisant office de tiers de confiance automatisé, ouvre donc la voie à une diminution des coûts de structure tout en fiabilisant et en accélérant les processus de décision.

Face à la blockchain, les banques peuvent être les premières victimes, ou les premières gagnantes. D’après un rapport de Santander, la technologie de la blockchain peut permettre aux banques d’économiser de 15 à 20 milliards de dollars par an d’ici à 2022 en coûts d’infrastructures liés aux paiements internationaux, au trading et à la mise en conformité.

Concernant bitcoin, qualifié par des observateurs de « proof of concept » pour les paiements quotidiens, Citi considère que les moyens disponibles actuellement – réseaux de cartes, virements interbancaires… – sont parfaitement capables de résister à cette concurrence. L'avantage de la décentralisation de la blockchain est peu apparent pour le consommateur lambda (à l'exception possible de l'anonymat), face à des dispositifs totalement centralisés qui ont fait leurs preuves.

Bien entendu, ces projections ne sont pas des certitudes et restent lointaines. Mais elles laissent tout de même augurer d'une disruption plausible impossible à balayer d'un revers de la main.