Banque Maroc

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vendredi 30 décembre 2016

'Daret', la tontine à la marocaine


La tontine est une association de personnes qui, unies par des liens familiaux, d'amitié, de profession ou de région, mettent en commun leur épargne en vue de la solution des problèmes particuliers ou collectifs.

La condition essentielle pour le succès d’une tontine réside dans l’existence d’un lien de confiance très fort entre ses membres.

Les tontines existent dans tous les continents du monde, mais elles sont plus répandues en Afrique et en Asie et se déclinent en deux grandes familles.

Tontine rotative

Les participants d'une tontine s'engagent à verser une somme prédéterminée à une fréquence donnée. Pour chaque tour de versement, un des participants est désigné pour être le bénéficiaire des fonds collectés des autres participants. La désignation du bénéficiaire se fait par tirage au sort (soit avant chaque versement, soit une seule fois au début du cycle).

Pour le premier bénéficiaire, la tontine s'apparente à un crédit sans intérêts. Pour le dernier participant, la tontine s'apparente à une épargne choisie (forcée).

Tontine à accumulation

Dans une tontine à accumulation, les cotisations ne sont pas redistribuées à un des membres mais accumulées dans la caisse de la tontine. Les fonds ainsi collectés appartiennent à la tontine jusqu'à ce que les membres décident d'effectuer un partage, c'est-à-dire de redistribuer tout l'argent accumulé aux membres, au prorata de ce qu'ils ont cotisé.

Entre-temps l'argent de la tontine est investi de la façon dont les membres en ont décidé collectivement. Le plus souvent, les fonds sont octroyés aux membres sous forme de crédit. Les conditions du crédit sont décidées collectivement (conditions d'obtention, durée, intérêt, échéances de remboursement, recouvrement et sanctions en cas de retard dans le remboursement, etc.). 

‘Daret’ à la marocaine

La tontine rotative est la forme pratiquée au Maroc sous l’appellation de « Daret ». Cette pratique est très répandue au Maroc et permet aux personnes qui se trouvent face à un besoin d’argent d’avoir une solution alternative en dehors des membres de la famille, et du système bancaire (faute de pouvoir prouver leur solvabilité).
Pour les personnes bancarisées (ou bancarisables), cette pratique permet d’échapper aux intérêts, aux frais bancaires et aux procédures administratives surtout lorsqu’il s’agit de crédits de petits montants (10 000 dh environ).

Plusieurs personnes l’utilisent également pour se constituer une épargne forcée et utiliser le capital constitué pour un achat conséquent ou pour couvrir une dépense importante (famille, travaux…).
Daret se développe dans des cercles où la confiance est renforcée par des liens de famille, d’amitié, de voisinage ou de travail. Le sytème Daret cible les personnes à faible revenus ou à revenus irréguliers, comme il intéresse les petits commerçants ou même les salariés. Souvent ont recours à cette pratique les salariés d’une même entreprise, ou les fonctionnaires au sein d’une même administration.

Ce phénomène social touche toutes les bourses sociales, y compris celles des classes moyennes. Cadres, employés, et même les femmes au foyer recourent à cette pratique. La Tontine Daret se développe à travers toutes les franges de la population et constitue une réponse simple aux besoins permanents de crédit et d’épargne de millions de marocains. 

La Fintech dans tout ça ?

Les Fintech commencent déjà à investir ce territoire faisant partie du monde de l’économie collaborative. Ces Fintech se basent sur des plateformes internet permettant à une personne (l’organisateur) de créer une cagnotte en ligne pour divers événements et projets (humanitaire, association, solidarité, sport, médical, enfance, voyage…). L’organisateur invite ainsi son entourage (famille, amis) et/ou le public, à participer financièrement par des dons dans cette cagnotte.


Pour se fixer les idées

A fin 2012, le secteur marocain du microcrédit comptait 810 000 clients actifs pour un encours des prêts d’environ 5 milliards de dirhams, servis par douze associations (AMC), soit un encours moyen d’environ 6 250 Dh par client.

La demande est encore loin d’être satisfaite, puisque le Centre Mohammed VI de Soutien à la Microfinance Solidaire estimait à 12 millions le nombre de personnes intéressées par les produits de la Microfinance en 2012.

Le secteur de la micro-finance en quelques chiffres (2011)

- plus de femmes que d’hommes (52% vs 48%)
- une population relativement jeune avec 49% des bénéficiaires âgés entre 18 et 37 ans
- 73% de bénéficiaires alphabétisés, mais seulement 13% ont un niveau bac ou supérieur
- principalement des activités de commerce (55%) ou de services (22%)
- des besoins majoritairement inférieurs à 5 000 Dh (55%)
- des bénéficiaires également bancarisés (55%)