Banque Maroc

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lundi 2 janvier 2017

Régimes de retraite au Maroc, une question épineuse

Un marocain sur trois seulement bénéficie d’un système de retraite



Le Maroc gère un dispositif de retraite composé de plusieurs régimes publiques et privés, autonomes et non convergents. Les trois caisses obligatoires comprennent la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS) et la Caisse Marocaine de Retraite (CMR) qui fonctionnent suivant un système de répartition ainsi que le Régime Collectif d’Allocation de Retraite (RCAR) basé sur un système mixte de répartition et capitalisation.

La Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) quant à elle, gère un régime complémentaire facultatif au profit du personnel du secteur privé. Elle fonctionne en régime par répartition.

Le système de retraite marocain est sérieusement menacé

En plus de la problématique de pilotage et de gouvernance, ces régimes sont soumis à trois contraintes qui les mettent en difficulté et impactent leur équilibre et leur pérennité : le changement de la structure démographique, l’allongement de l’espérance de vie et le chômage grandissant des jeunes.

La situation de ces régimes montre une grande fragilité qui allait s’aggraver davantage si une réforme courageuse n’avait pas été entamée.

La première étape urgente de cette réforme, qui doit être globale et sérieuse, a concerné le volet paramétrique.  C’est ainsi qu’il y a eu l’adoption l'été dernier « du pack retraite CMR» qui constitue un premier pas vers le chemin de la réforme. Ces mesures concernent le relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite à 63 ans, l’augmentation des cotisations de 4 points, le référencement par rapport au salaire moyen des huit dernières années de travail pour calculer le montant de pension, et la réduction du taux d’annuité à 2% (contre 2,5%).

Bien sûr, il convient de préciser que dans le domaine de la retraite, il n’existe pas de modèle universel applicable à tous les pays et à tous les contextes. Chaque Etat construit son système de retraite en fonction de sa propre histoire économique et sociale, de sa culture et de son niveau de développement. En revanche, plusieurs pays se sont orientés vers un système à trois piliers qui se complètent les uns les autres :
  • Le premier pilier est basé sur un régime unique géré par répartition assurant une retraite minimale;
  • Le second est un régime collectif complémentaire obligatoire destiné à prendre en charge la partie du revenu dépassant le seuil couvert par le régime de base.  Il est géré par capitalisation au niveau des groupes socio-professionnels ;
  • Le troisième enfin est basé sur l'épargne, purement individuelle et volontaire, gérée évidemment par capitalisation.

Pendant cette période de réforme qui s'écouler sur plusieurs années, une partie des actifs actuels, notamment les cadres moyens et supérieurs ainsi que les indépendants, pourraient faire les frais de cette phase de transition en attendant la réforme globale du système de retraite.

La solution à cette situation, peut résider dans la souscription aux produits d’épargne retraite individuelle proposée par les compagnies d'assurance et qui offrent à la clé des avantages réels d’optimisation fiscale.

Répartition ou capitalisation ? de quoi s’agit-il ?


La répartition

Dans le régime géré par répartition pure, les pensions versées aux retraités sont directement financées par la totalité des cotisations versées la même année par les actifs et leurs employeurs. Il n'y a donc pas d'épargne générée ni de réserves constituées. Cela repose sur la solidarité inter-générationnelle. En contrepartie de ses cotisations, le salarié acquiert des droits et des prestations futures. Dans ce régime à prestations définies, le coût de financement est incertain pour les salariés et pour les employeurs.

Ce régime, qui partage avec l'assurance la caractéristique de la mutualisation, présente l'avantage d'être insensible à la fois à l'inflation et au taux d'intérêt. Son équilibre est par contre fortement dépendant du taux de chômage et de la pyramide des âges. La recherche de l’équilibre passe obligatoirement par l'augmentation des cotisations et/ou l'allongement de la période d'activité.

La capitalisation

A l'inverse de la répartition, dans la capitalisation il s'écoule un certain délai entre les versements des cotisations et la perception des prestations. Il y a donc constitution de fonds pour couvrir les engagements futurs. Dans ce régime, les taux de cotisations versées par les actifs et leurs employeurs sont connus à l'avance, le régime est alors dit à cotisations déterminées.

Contrairement au régime de répartition dans lequel il y a un transfert de richesse entre les générations (des jeunes vers les plus âgés), le cotisant finance sa propre retraite dans le régime de capitalisation. Ses cotisations sont investies et vont servir à payer les prestations qu'il recevra durant sa retraite. Ce système ne redistribue donc pas les revenus et par conséquent est défaillant en matière de lutte contre la pauvreté.

Ce régime présente l'inconvénient d'être dépendant de l'inflation et du taux d'intérêt. En cas de krach boursier ou d'inflation galopante, les fonds de capitalisation perdront de leur valeur. En revanche, ce système favorise l'accumulation de l'épargne longue qui pourrait servir, dans un contexte de sous-capitalisation, à renforcer les fonds propres des entreprises.


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